Après plusieurs revers, ce géant français de l’énergie sécurise l’accès de la France à la ressource la plus importante à sa souveraineté : l’uranium

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Le français Orano et l’ouzbèk Navoiyuran signent un partenariat d’importance stratégique pour la France sur l’uranium ouzbek.

Orano et Navoiyuran viennent de signer un accord pour le développement industriel du gisement d’uranium de South Djengeldi en Ouzbékistan. Cette initiative s’inscrit dans un contexte mondial où la demande en uranium ne cesse d’augmenter, portée par une relance du nucléaire dans plusieurs pays, et sur fond de crise au Niger, où la France a perdu un fournisseur important pour son parc de centrales nucléaires.

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Le projet, mené par Nurlikum Mining, une co-entreprise entre Orano et Navoiyuran, bénéficiera des infrastructures existantes de Navoiyuran. Cette entreprise, cinquième producteur mondial d’uranium, se chargera de l’exploitation du site. La production annuelle pourrait atteindre 700 tonnes d’uranium, assurant une activité sur une décennie. Mais l’objectif ne s’arrête pas là : un programme d’exploration vise à doubler les ressources minérales du projet.

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Qui est Orano ?

Orano est une entreprise française spécialisée dans le cycle du combustible nucléaire, issue de la restructuration d’Areva en 2018. Elle intervient dans l’extraction d’uranium, sa conversion, son enrichissement, ainsi que dans le recyclage des combustibles usés et le démantèlement des installations nucléaires. Orano est un acteur majeur mondial, avec des mines d’uranium au Niger, au Kazakhstan, au Canada et en Mongolie, et elle fournit une part importante de l’uranium utilisé par les centrales nucléaires françaises. Détenue à 90 % par l’État français, Orano joue un rôle stratégique dans la souveraineté énergétique de la France. Elle s’engage également dans des projets innovants, notamment en médecine nucléaire et dans le développement durable.

Un partenaire japonais entre dans la danse

L’accord marque aussi l’entrée d’un acteur d’envergure : ITOCHU Corporation. Cette entreprise japonaise acquiert une participation minoritaire dans la joint-venture, renforçant ainsi la présence internationale du projet. ITOCHU, déjà impliquée dans les secteurs de l’énergie et des métaux, apporte son savoir-faire et sa capacité à ouvrir de nouveaux marchés.

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Une exploitation stratégique et durable

L’uranium de South Djengeldi sera extrait par une méthode de lixiviation in situ. Contrairement aux mines à ciel ouvert, cette technique consiste à injecter une solution dans le sous-sol pour dissoudre l’uranium avant de le pomper. Moins coûteuse et moins destructrice pour l’environnement, cette méthode permet de limiter l’impact paysager et réduit les rejets de déchets solides.

Cette approche s’inscrit dans une coopération globale entre Orano et l’Ouzbékistan, officialisée par un accord-cadre en 2022. L’objectif : renforcer la position du pays sur le marché de l’uranium tout en optimisant les pratiques d’extraction.

Une industrie en pleine mutation

L’exploitation d’uranium reste un sujet sensible. D’un côté, elle alimente une industrie nucléaire qui se veut une alternative bas-carbone aux énergies fossiles. De l’autre, elle pose des questions sur la gestion des déchets et la sécurité des sites miniers.

Avec ce projet, Orano cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement et à sécuriser la filière nucléaire mondiale. L’enjeu est de taille : alors que certains pays ferment leurs mines, d’autres, comme l’Ouzbékistan, misent sur leurs ressources pour peser davantage sur le marché international.

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La crise au Niger pousse la France à se diversifier

La crise autour de l’uranium au Niger a éclaté après le coup d’État de juillet 2023, mettant en péril les relations historiques entre la France et le Niger. Le groupe Orano, acteur clé dans l’extraction d’uranium depuis plus de 50 ans, a dû suspendre ses activités en octobre 2024 en raison des tensions politiques et des restrictions imposées par le régime militaire. Le Niger, qui fournissait environ 20 % de l’uranium utilisé par les centrales nucléaires françaises, cherche désormais à renégocier les termes de son exploitation pour obtenir des retombées économiques plus équitables. Cette crise a accentué les défis pour la France, qui dépend fortement du nucléaire pour 70 % de son électricité. En parallèle, le Niger se rapproche d’autres partenaires comme la Russie et l’Iran, marquant un tournant géopolitique majeur.

Source : Communiqué de presse d’Orano

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
Très curieux et tourné vers l'économie, la science et les nouvelles technologies, (particulièrement ce qui touche à l'énergie et les entreprises françaises) je vous propose de de découvrir les dernières actualités autour de cette passion

3 Commentaires

  1. la plus grande source d’uranium se trouve en France, en ré-utilisant d’une part l’uranium appauvri qu’on stocke depuis des décennies, et d’autre part les déchets nucléaires (qu’il ne faut surtouit pas enfouir!). Bien sûr, il faut ré-activer la filière à neutrons rapides, issue de Rhapsody, Phénix, superPhénix et ASTRID, qu’on fait la bêtise d’arrêter, avec des arguments idéologiques (Jospin, Voynet, Hollande, Duflot…). Et on en a pour 2 à 3 000 ans d’indépendance énergétique. Sans guerre, sans conflits géopolitiques. On a tout ce qu’il faut chez nous.

    • 50 ans de dizaines de milliards d’euros de dépenses dans super Phénix et compagnie.
      Même si le Niger fournissait 20 % des achats français d’uranium, on n’est pas tout nus.On garde trois autres fournisseurs réguliers antérieurs sans problème. Et il y a au moins 5 autres pays qui pourraient nous fournir.

      Et aussi parce que la filière française de recyclage de combustible fonctionne déjà avec notre Moxx, depuis des décennies.

      Ça pose beaucoup moins de problèmes géopolitiques que nos achats de gaz et de pétrole qui font vivre bon nombre de dictatures.

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