Le champion de l’énergie française ne cache plus ses ambitions dans la production d’électricité décarbonée.
TotalEnergies a les idées larges et prépare une expansion sans précédent de ses activités dans la production d’électricité verte en achetant des acteurs majeurs non pas sur 1 ou 2 mais bien 3 continents en même temps ! Retour sur la politique ambitieuse mais nécessaire du fleuron de CAC40 français dans les énergies bas carbone.
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TotalEnergies mène une politique silencieuse de rachat dans les énergies renouvelables
L’Allemagne devient peu à peu un hub électrique stratégique pour TotalEnergies. En s’offrant le groupe VSB, la compagnie vient de mettre la main sur un portefeuille dépassant les 15 000 MW de projets en développement, répartis entre le solaire et l’éolien terrestre.
Cette opération vient compléter deux rachats récents dans le pays : Kyon Energy, spécialisé dans le stockage par batteries, et Quadra Energy, un agrégateur renouvelable qui optimise l’intégration de l’électricité verte sur le marché.
Avec cette acquisition, le portefeuille de TotalEnergies dépasse désormais les 40 000 MW de capacités renouvelables en Europe, en incluant les projets en cours.
Expansion hydraulique en Afrique
En Ouganda, TotalEnergies avance sur un autre front. L’achat de SN Power. La compagnie était déjà bien installée dans le pays grâce à ses activités d’exploration et de production de pétrole. Elle y ajoute désormais une brique hydroélectrique avec 255 MW déjà opérationnels via la centrale de Bujagali. À elle seule, cette installation couvre environ un quart de la demande du pays.
La transaction ouvre également les portes à deux projets hydroélectriques en développement : 206 MW au Rwanda et 360 MW au Malawi.
Ajoutons que cette opération ne concerne pas uniquement des actifs physiques : une équipe de spécialistes du développement hydroélectrique rejoint aussi les rangs de TotalEnergies. Dans le monde des énergies renouvelables, le savoir-faire humain est aussi stratégique que les turbines.
Alberta : une conquête solaire en toute discrétion
TotalEnergies a signé un accord avec le développeur RES poen Alberta au Canada ur prendre le contrôle d’un portefeuille de projets éoliens et solaires dépassant les 800 MW de puissance cumulée.
Le projet le plus avancé, Big Sky Solar, est déjà en service depuis février. Avec ses 184 MW de capacité installée, cette centrale est dimensionnée pour alimenter des dizaines de milliers de foyers. Les deux tiers de la production seront vendus via un contrat d’achat à long terme, garantissant une rentabilité stable. Le reste sera écoulé sur le marché libre, auquel s’ajoute un revenu complémentaire grâce aux crédits carbone générés dans le cadre du programme local.
Cette stratégie permet à TotalEnergies de tirer parti des règles environnementales canadiennes pour maximiser ses revenus, tout en installant des actifs fiables dans un pays politiquement stable.
Une vision énergétique modulaire et très ciblée
L’intérêt de cette série d’acquisitions réside moins dans leur ampleur que dans leur cohérence stratégique. TotalEnergies n’achète pas à tout-va : elle vise des pays dans lesquels elle est déjà implantée ou dispose de relais opérationnels solides. L’idée est d’intégrer l’électricité aux chaînes existantes : logistique, juridique, commerciale; plutôt que de repartir de zéro.
L’Europe, l’Afrique et l’Amérique du Nord sont ainsi abordés non comme des continents, mais comme ensembles d’opportunités interconnectées. L’Allemagne offre un cadre réglementaire et des subventions attractives. L’Afrique, elle, permet de s’implanter dans des zones à forte croissance démographique. Quant à l’Alberta, elle représente une passerelle vers les marchés énergétiques de l’Amérique du Nord, tout en bénéficiant d’une fiscalité favorable.
Objectifs chiffrés : production électrique et rendement
TotalEnergies a annoncé vouloir atteindre 35 000 MW de capacités renouvelables brutes d’ici la fin de 2025, et plus de 100 TWh de production annuelle d’électricité à horizon 2030. Ces chiffres ne sont clairement pas anecdotiques et pour faire un parallèle, constitueraient environ un cinquième de la consommation électrique annuelle actuelle de la France.
La compagnie vise également un rendement financier de 12 % sur le segment de l’électricité, ce qui reste ambitieux dans un secteur historiquement peu rentable comparé aux hydrocarbures. Il s’agit donc de trouver un équilibre entre transition écologique et performance économique.
Si cet objectif est atteint, il pourrait donner à TotalEnergies un rôle moteur dans le paysage énergétique mondial, loin des pompes et des plateformes offshore.
TotalEnergies en 2025
TotalEnergies a réalisé un chiffre d’affaires de 237,1 milliards d’euros pour un bénéfice de 15,2 milliards d’euros en 2024. Cette même année, le groupe produisait une moyenne de 2 434 000 barils de pétrole par jour et 41,1 TWh d’électricité, dont 26 TWh provenant de sources renouvelables. Le groupe a investi près de 4,42 milliards d’euros dans les énergies bas carbone en 2024 et 2025 se maintient dans le même ordre de grandeur comme nous venons de le voir dans cet article. TotalEnergies cherche à diversifier au maximum son portefeuille et anticipe “l’après pétrole” en étant parmi les plus actifs au monde dans la recherche de solutions alternatives vertes.
Source : Communiqué de presse de TotalEnergies
Image : Centrale hydroélectrique de Bujagali sur le Nil (Ouganda).