le supercalculateur français Jean Zay 4 multiplie sa puissance de calcul par 4 en quelques années.
Un cerveau électronique capable d’effectuer 126 millions de milliards d’opérations par seconde. Voilà ce que propose Jean Zay 4, la version surboostée du supercalculateur français. Installé sur le plateau de Saclay, ce monstre de calcul est désormais quatre fois plus puissant qu’à ses débuts, atteignant les 125,9 pétaflops, soit l’équivalent de ce que l’humanité entière calculerait… en six mois, à raison d’une opération par seconde par personne.
Le CNRS, dans un communiqué, résume la prouesse avec une analogie vertigineuse : une seconde de calcul pour Jean Zay correspond à 182 jours de calcul pour l’espèce humaine.
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Jean Zay 4 calcule désormais aussi vite que l’humanité entière pendant 182 jours
Jean Zay présente la singularité d’être un supercalculateur ouvert gratuitement à la recherche publique. Universités, laboratoires, start-ups et grandes entreprises peuvent soumettre leurs projets, qu’il s’agisse de climatologie, biotechnologie, astrophysique, véhicules autonomes ou modélisation de matériaux.
Depuis sa mise en service en 2019, Jean Zay a vu exploser le nombre de projets liés à l’intelligence artificielle, passant de 72 en 2019 à plus de 1 400 en 2024. Une envolée qui reflète l’appétit croissant pour le calcul massif et la spécialisation des modèles d’IA.
Pourquoi le plus puissant ordinateur français s’appelle-t-il Jean Zay ?
Le supercalculateur français du CNRS porte ce nom en hommage à Jean Zay, homme politique français et ancien ministre de l’Éducation nationale (par ailleurs honteusement assassiné par les nazis en 1944), qui fut également l’un des cofondateurs du CNRS. Ce choix symbolise l’attachement du projet à la recherche, à l’innovation et à la transmission du savoir, valeurs portées par Jean Zay tout au long de sa carrière. La dénomination « Jean Zay 4 » correspond à la quatrième extension technique majeure du supercalculateur depuis sa mise en service en 2019, chaque évolution marquant une augmentation significative de sa puissance de calcul.
Une architecture pensée pour l’avenir
La conception de Jean Zay repose sur des processeurs graphiques Nvidia, optimisés pour l’entraînement des modèles neuronaux. L’extension Jean Zay 4 inclut aussi un système de refroidissement à eau tiède, conçu par Eviden, qui récupère la chaleur dégagée pour chauffer 1 500 foyers dans la région de Saclay. Un vrai cercle vertueux : des données froides, une chaleur utile.
Le coût de l’excellence numérique
Bien que le montant précis de l’extension ne soit pas publié, des estimations comparables pour des machines de cette puissance suggèrent un coût compris entre 120 et 180 millions d’euros, incluant les infrastructures, la maintenance et la consommation énergétique sur plusieurs années.
L’investissement est financé par GENCI, l’organisme public chargé du calcul intensif en France, en coordination avec l’État et plusieurs partenaires industriels. Ce financement public garantit un accès non commercial à la machine, critère jugé indispensable par les scientifiques.
Jean Zay au cœur de l’AI Factory européenne
L’extension du supercalculateur s’inscrit dans une stratégie plus vaste : le projet AI Factory France, soutenu par l’Union européenne, dont le but est de créer un réseau interconnecté de supercalculateurs européens, capables de rivaliser avec les géants américains et chinois. Jean Zay, de par ses performances et sa flexibilité, devient l’un des nœuds principaux de ce réseau.
Ce rôle européen s’appuie aussi sur des partenariats inattendus. Le design de Jean Zay 4 a ainsi été confié à Obvious, un collectif artistique français qui travaille avec l’IA.
Une machine au service de tous les futurs
Philippe Lavocat, président de GENCI, résume bien l’enjeu : « L’extension de Jean Zay 4 donne une nouvelle impulsion à tous ceux qui veulent développer des modèles d’intelligence artificielle de pointe pour relever les grands défis scientifiques et sociétaux. »
Qu’il s’agisse de modéliser les conséquences du changement climatique, de comprendre les comportements quantiques, ou de donner vie à des IA génératives, Jean Zay est prêt à jouer désormais les premiers rôles au niveau mondial.
Liste non-exhaustive des supercalculateurs les plus puissants sur terre en 2025
| Nom du supercalculateur | Pays | Puissance de calcul (exaflops/petaflops) | Date de mise en service | Remarques principales |
| El Capitan | États-Unis | 2,79 exaflops | 2025 | Plus puissant au monde, sécurité nucléaire, 11 millions de cœurs |
| Frontier | États-Unis | 1,1 exaflops | 2022 | Simulation de l’univers, leader du Top500 |
| Aurora | États-Unis | 1,0 exaflops (objectif) | 2024 | Recherche IA et scientifique, Argonne National Laboratory |
| Eagle (Microsoft Azure) | États-Unis | 561 petaflops | 2024 | Supercalculateur cloud, accessible à la demande |
| HPC6 (Eni) | Italie | 478 petaflops | 2024 | Plus puissant d’Europe, usage industriel et énergétique |
| Fugaku | Japon | 442 petaflops | 2020 | Recherche scientifique, RIKEN et Fujitsu |
| Dojo (Tesla) | États-Unis | 100+ exaflops (objectif) | 2024-2025 (annoncé) | Spécialisé IA, annoncé comme 100x plus puissant que les actuels |
| Zeta (en construction) | Japon | 1 000+ exaflops (objectif) | 2030 (prévu) | Projet révolutionnaire, 1 000 fois plus rapide que les actuels |
| Jean Zay 4 | France | 125,9 petaflops | 2025 | Extension majeure, IA, recherche ouverte, 1 456 GPU NVIDIA H100, hébergé au CNRS |
