L’Alsace prête à faire trembler la Chine avec une découverte qui va réduire la dépendance de l’Europe sur les terres rares

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Ces chercheurs français veulent briser l’empire chinois des terres rares grâce… au magnétisme.

Chaque année, des millions de moteurs tournent grâce à des aimants invisibles. Et derrière ces aimants, il y a une poignée de métaux que la Chine contrôle presque totalement. Pourtant, une équipe de chercheurs strasbourgeois pourrait bien rebattre les cartes. Sans usine géante ni chimie toxique. Juste avec… des aimants, des fours, et un brin de génie.

Lire aussi :

La start-up française REMEDY veut rebattre les cartes de l’extraction de terres rares avec un nouveau procédé magnétique

Les terres rares sont tout sauf rares dans la croûte terrestre. Le problème est que les séparer proprement reste problématique en 2025. En particulier les néodyme, praséodyme, dysprosium et consorts, qui entrent dans la composition des aimants permanents à haute performance.

Ces composants sont incontournables dans les voitures électriques, les éoliennes, les drones, et même les avions de chasse. Autrement dit, ils sont au cœur de notre transition énergétique et de notre sécurité industrielle.

Le hic, c’est que la Chine assure encore près de 90 % du raffinage mondial. L’Europe, elle, en est réduite à importer des terres rares transformées, faute de savoir-faire local compétitif. Une dépendance stratégique qui inquiète jusqu’à Bruxelles.

Et c’est là qu’intervient REMEDY.

Une start-up née dans les labos du CNRS

Tout part d’une trouvaille dans les couloirs de l’Institut de physique et chimie des matériaux de Strasbourg (IPCMS). Les chercheurs Aurélien Bérat et Olivier Isnard ont découvert qu’il est possible de séparer les terres rares en jouant uniquement sur leurs propriétés magnétiques. Pas besoin d’un cocktail chimique aussi agressif qu’un détartrant pour fusée.

Leur idée repose sur un principe simple : chaque terre rare a un comportement magnétique spécifique, qui varie selon la température. En chauffant un alliage ou une poudre d’aimant à la bonne température, on modifie la magnétisation des éléments présents. En clair : certains collent à un champ magnétique, d’autres non.

Un tri magnétique, propre, sec, et surtout sans solvants organiques. De quoi ringardiser les bains acides chinois.

Adieu la chimie, bonjour aux champs magnétiques !

Le procédé mis au point par REMEDY repose sur un enchaînement rigoureux d’étapes :

  1. Broyage des aimants usagés ou des minerais contenant des terres rares.
  2. Traitement thermique contrôlé, parfois par paliers, pour optimiser la séparation.
  3. Application d’un champ magnétique afin d’isoler les éléments ciblés.
  4. Répétition du processus pour affiner la pureté.

Le résultat est doublement intéressant : non seulement la séparation est efficace, mais elle est aussi rapide et nettement moins gourmande en énergie que les techniques conventionnelles. Et comme le procédé fonctionne aussi bien sur des déchets d’aimants que sur des minerais extraits, le champ d’application est vaste.

De quoi séduire des industriels européens, pressés d’afficher une empreinte carbone plus sobre.

Une technologie clef dans un contexte géopolitique électrique

Le contexte international a tout d’une poudrière. Guerre commerciale, tensions autour de Taïwan, diplomatie des matières premières : la Chine utilise ses métaux stratégiques comme une carte maîtresse.

L’Europe commence donc à réagir. Le Critical Raw Materials Act, présenté par la Commission européenne, vise à sécuriser les approvisionnements et développer des capacités locales de traitement.

Dans ce cadre, REMEDY tombe à pic. En recyclant des déchets électroniques européens ou des aimants hors d’usage, la technologie permettrait à l’Europe de boucler localement une partie de sa chaîne de valeur. Elle pourrait aussi valoriser des minerais extraits au Portugal ou en Suède sans devoir les envoyer en Chine pour traitement.

En outre, avec une dépendance énergétique toujours aussi forte, la fabrication de moteurs d’éoliennes ou de trains à grande vitesse sans terres rares locales deviendrait un non-sens industriel, donc effets de bord économiques en cascade.

Une industrialisation déjà sur les rails

La startup incubée par Quest for Change, bénéficie du soutien de la SATT Conectus, du CNRS et de l’Université de Strasbourg. Autant dire qu’elle s’appuie sur un écosystème scientifique et technologique dense.

L’objectif est de lancer une ligne pilote dans les deux prochaines années. Cette ligne servira à tester à grande échelle le procédé, en traitant des kilogrammes, puis des tonnes d’aimants usagés. Une levée de fonds est en préparation pour financer cette montée en puissance.

En France, la seule demande annuelle en aimants pour la transition énergétique représente plusieurs centaines de tonnes. Une partie pourrait être couverte par des ressources secondaires, grâce à REMEDY.

La France est désormais au coeur du plus grand aéroport du monde dont les 108 millions de passagers annuels prendront la nouvelle navette high-tech d’Alstom

Résumé du traitement classique des terres rares vs nouveau procédé de REMEDY

Critère Traitement classique (Chine) Procédé REMEDY
Méthode Extraction chimique Séparation magnétique
Utilisation de solvants Oui (grande quantité) Non
Empreinte écologique Élevée Réduite
Vitesse de traitement Longue Rapide
Coût énergétique Élevé Modéré
Recyclage d’aimants usagés Peu courant Oui
Dépendance vis-à-vis de la Chine Totale Partielle à nulle

 

Source : https://www.satt.fr/wp-content/uploads/2025/04/CP-REMEDY-DEF_22042025.pdf

Image : Dans le sens des aiguilles d’une montre à partir du haut au centre : praséodyme, cérium, lanthane, néodyme, samarium et gadolinium.

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
Très curieux et tourné vers l'économie, la science et les nouvelles technologies, (particulièrement ce qui touche à l'énergie et les entreprises françaises) je vous propose de de découvrir les dernières actualités autour de cette passion

3 Commentaires

  1. Le ridicule c’est de croire que les terres rares appeler ainsi par erreur, ne le sont pas du tout et font partie de la moitié des métaux les plus abondants de la centaine qui existent

  2. Les terres rares ne sont pas été nommés de cette façon par « erreur ».
    Le terme rares provient simplement du fait qu’il sont:
    En faible concentration dans les gisements
    Qu’il est difficile à extraire
    Semble se fondre avec le sol
    Et ne sont distribués uniformément sur la planète.
    Voilà tout

  3. Recit prometteur. BRAVO pour cette TROUVAILLE évidente. Notre mère terre a encore beaucoup à nous révéler. Affaire à suivre…….

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