Un campus d’intelligence artificielle de 1,4 GW : la France aligne ses processeurs face au monde
Dans le cadre prestigieux du sommet « Choose France », un projet hors norme a été annoncé. La France s’apprête à accueillir le plus grand campus d’intelligence artificielle d’Europe. Pas un simple data center, mais un véritable moteur de transformation numérique, porté par des poids lourds : la banque publique Bpifrance, le fonds émirati MGX, le fleuron national Mistral AI, et l’indispensable NVIDIA.
Le campus, prévu en Île-de-France, devrait atteindre une capacité de 1,4 gigawatt, soit l’équivalent de la consommation d’électricité d’une ville de 1,2 million d’habitants. Une centrale à données, alimentée par des neurones artificiels.
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Un campus IA et des ambitions continentales pour la France
La promesse est aussi simple que vertigineuse : construire un écosystème souverain pour l’intelligence artificielle, depuis la formation des modèles jusqu’à leur déploiement dans des secteurs concrets comme la santé, l’énergie ou la mobilité.
La plateforme utilisera des architectures de calcul dites “exascale”. Pour donner une échelle : un exaflop, c’est un milliard de milliards d’opérations par seconde. Autant dire que même la meilleure calculatrice de bureau aurait fondu au bout de quelques lignes de code.
Le campus s’inscrit dans une logique de développement sobre, avec des centres de données à faible émission carbone, connectés à la fibre optique ultra-haut débit. C’est là qu’intervient Sipartech, un acteur français encore peu connu du grand public mais maître dans l’art de tisser le web européen.
Un casting digne d’un film de science-fiction
Le projet ne manque pas d’acteurs à haute valeur technologique :
- Bouygues apportera son savoir-faire en construction d’infrastructures complexes.
- EDF s’assurera que les mégawatts coulent à flot, avec une énergie bas carbone (merci le nucléaire !).
- L’École polytechnique formera les cerveaux humains nécessaires pour comprendre les cerveaux artificiels.
- RTE, en tant que gestionnaire du réseau électrique français, garantira que tout ce beau monde reste alimenté en temps réel.
- Et Mistral AI, jeune pousse devenue météore de l’IA générative, jouera le rôle du décodeur de demain.
L’ambition affichée est claire : faire de la France un pôle mondial dans le domaine de l’IA, tout en gardant la main sur les infrastructures, les données, et les usages.
Une IA souveraine, mais ouverte
Le campus ne sera pas une forteresse technologique. L’objectif est au contraire de favoriser une approche ouverte, interconnectée, coopérative, capable d’héberger des startups, des projets de recherche, des outils open source, et des cas d’usage industriels.
La plateforme est conçue pour couvrir tout le cycle de vie de l’IA :
- Recherche fondamentale
- Entraînement de modèles à grande échelle
- Inférence (c’est-à-dire le moment où l’IA “répond”)
- Déploiement dans des environnements réels
Et cela, dans un cadre européen, conforme aux standards de transparence et de protection des données.
Un chantier gigantesque, au rythme de la fibre et des pelleteuses
Les travaux débuteront au second semestre 2026. Il faudra creuser, câbler, refroidir, isoler, alimenter. Puis tester, entraîner, coder, surveiller. La mise en service est prévue d’ici 2028.
Sur les terrains, on croisera probablement plus de casques de chantier que de casques de réalité virtuelle au début. Mais une fois en fonctionnement, ce campus pourrait devenir un point névralgique de la stratégie numérique européenne.
Avec 1,4 GW de capacité, le campus entrera dans la catégorie des géants. À titre de comparaison, un supercalculateur classique dans une université consomme entre 1 et 5 MW. Le campus français, lui, entend fonctionner à l’échelle des systèmes nationaux.
Des chiffres qui donnent le tournis
Voici un aperçu des ordres de grandeur de ce projet en quelques données clés :
Éléments | Valeurs |
Capacité énergétique prévue | 1 400 MW |
Mise en service | 2028 |
Fibre optique déployée (Sipartech) | +34 000 km en Europe |
Investisseurs principaux | Bpifrance, MGX, Mistral AI, NVIDIA |
Domaines couverts | Santé, énergie, finance, mobilité, industrie |
Objectif | Cycle complet de l’IA (entraînement à usage) |
Standards | Cloud souverain, IA à faible impact carbone |
Cadre éducatif | Partenariat avec Polytechnique, thèses et chaires IA |
Ce projet arrive dans un contexte géopolitique tendu où la souveraineté numérique devient un enjeu stratégique. En misant sur une infrastructure à la fois puissante, ouverte et européenne, la France avance une pièce maîtresse sur l’échiquier de l’IA.
Exemples d’autres campus IA dans le monde
Voici quelques exemples marquants de campus d’intelligence artificielle (IA) dans le monde, illustrant la diversité des approches et des ambitions :
Massachusetts Institute of Technology (MIT, États-Unis) : Le MIT abrite l’un des plus grands pôles mondiaux de recherche et d’enseignement en IA, avec des laboratoires de pointe, des partenariats industriels et un écosystème d’innovation unique. Son campus attire des chercheurs et étudiants du monde entier, et collabore étroitement avec les entreprises technologiques de la Silicon Valley.
Stanford University (États-Unis) : Stanford est un autre centre névralgique de l’IA, situé au cœur de la Silicon Valley. Son campus est réputé pour ses recherches de pointe, ses startups issues de l’IA et ses liens étroits avec l’industrie technologique mondiale.
AI2 (Europe) : L’École d’Intelligence Artificielle AI2 propose des programmes spécialisés en IA sur plusieurs campus européens : Paris, Bordeaux, Toulouse, Bruxelles, Lyon, Brest, Orléans et Poitiers. Elle offre des cursus Bachelor et Mastère, avec un enseignement pratique et théorique, et vise à former la nouvelle génération de spécialistes de l’IA.
University of Cambridge (Royaume-Uni) : Cambridge est reconnue pour ses recherches avancées en IA et ses collaborations industrielles. Son campus attire des étudiants du monde entier et joue un rôle clé dans l’écosystème technologique britannique.
ETH Zurich (Suisse) : ETH Zurich est une référence mondiale pour ses programmes en sciences et technologies, notamment en IA et robotique, avec une forte orientation vers la recherche et l’innovation industrielle.
Source : Communiqué de presse de Bouygues Construction
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