La France bientôt loin dans le rétroviseur de la Chine sur son secteur de prédilection avec bientôt 102 réacteurs nucléaires contre seulement 57 dans l’Hexagone

La Chine dépasse désormais les États-Unis avec 102 réacteurs nucléaire et une puissance record.

On le sentait venir depuis quelques années mais c’est désormais officiel : Les Etats-Unis ne sont bientôt plus le pays avec le plus grand nombre de réacteurs nucléaires au monde. En effet, avec 102 réacteurs en fonctionnement, en construction ou validés, la Chine prend la tête de la course mondiale à l’énergie nucléaire. C’est le fruit d’une politique d’expansion de la part de Pékin dans ce type d’énergie qui aura pris des années et un vrai signe “fort” envers l’occident : le monde de l’atome devra désormais composer avec l’Empire du Milieu.

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Dix nouveaux réacteurs d’un coup, 24 milliards d’euros d’investissement pour Pékin

Lors d’une réunion du Conseil d’État présidée par le Premier ministre Li Qiang, la Chine a validé dix nouveaux réacteurs nucléaires répartis dans cinq provinces, dont le Zhejiang, le Guangdong et le Shandong. Ces projets représentent plus de 24 milliards d’euros (200 milliards de yuan) d’investissement, avec des retombées économiques immédiates sur l’emploi, l’équipement et la recherche.

Parmi eux, la phase III de la centrale de Sanmen, dans le Zhejiang, fait figure de vitrine. Elle portera à 7,5 millions de kilowatts la capacité installée de ce site stratégique pour l’Est du pays.

Une domination numérique sans équivoque

Selon le rapport 2025 de l’Association chinoise de l’énergie nucléaire (CNEA), la Chine exploitait au 20 janvier 2025 57 réacteurs commerciaux, pour une puissance de 55,27 millions de kilowatts. D’après l’Association chinoise de l’énergie nucléaire (CNEA), 28 réacteurs étaient en construction, soit 33,65 millions de kilowatts supplémentaires.
Au total, la capacité installée atteindrait les 113 millions de kilowatts, ce qui placerait la Chine en tête du classement mondial. On parle bien ici de “capacité installée” et non en fonctionnement”, notez la nuance : La capacité installée d’une centrale électrique correspond à la puissance maximale théorique que toutes ses unités peuvent produire simultanément, exprimée en mégawatts (MW) ou gigawatts (GW). En revanche, la capacité en fonctionnement désigne la puissance réellement disponible et utilisée à un moment donné, tenant compte des arrêts pour maintenance, pannes ou limitations opérationnelles.

Cette nouvelle domination dans la capacité installée ne doit rien au hasard, la Chine domine la construction de réacteurs depuis 18 ans. Et d’ici 2030, elle vise 110 millions de kilowatts en fonctionnement, contre 55 aujourd’hui. En clair : la moitié des capacités actuelles seront doublées en moins de 5 ans.

Une stratégie d’indépendance industrielle bien rodée

Ce bond en avant repose sur un autre pilier : la maîtrise complète de la chaîne technologique. En 2024, 114 ensembles d’équipements nucléaires ont été produits localement. Le Guohe One, démonstrateur national, a été mis en service. Le Linglong One, petit réacteur modulaire, devrait suivre en 2026.

Cette autonomie technologique s’accompagne d’une ouverture progressive : 12 installations de recherche nucléaire ont été ouvertes aux partenaires internationaux, et les collaborations s’intensifient avec la Russie, la France ou encore l’AIEA.

Une production encore modeste mais en forte croissance

En 2024, la production nucléaire chinoise a atteint 444,7 milliards de kilowattheures, soit 4,72 % de l’électricité nationale. Un chiffre encore modeste par rapport aux besoins colossaux du pays, mais en croissance continue.

Cela représente aussi 334 millions de tonnes de CO₂ évitées en un an. Dans un pays encore dépendant du charbon, le nucléaire devient un pilier de la décarbonation, aux côtés du solaire et de l’éolien.

La sécurité au cœur des préoccupation de Pékin

Le Conseil d’État chinois l’a rappelé lors de sa dernière réunion : la sécurité reste la priorité absolue. Des exigences très strictes ont été édictées pour la construction, l’exploitation et la surveillance pour éviter les erreurs d’un développement trop rapide, tout en maintenant le rythme imposé depuis 2022 : au moins 10 unités autorisées par an.

La Chine prévoit également d’optimiser l’usage de ses sites côtiers existants, pour éviter de trop empiéter sur des terres agricoles ou urbaines.

Le nucléaire, un levier stratégique dans la rivalité sino-américaine

Le basculement est symbolique. La Chine vont dépasser les États-Unis et la France sur un secteur historiquement dominé par l’Occident. Mais au-delà de la performance industrielle, c’est un changement d’équilibre géopolitique : Pékin place le nucléaire au cœur de sa stratégie énergétique et diplomatique.

Face à la montée des tensions commerciales et technologiques, le nucléaire devient un outil de souveraineté. Il permet de réduire la dépendance énergétique, tout en offrant à la Chine une vitrine technologique pour ses exportations.

La France va fournir de quoi alimenter 120 millions de foyers européens en énergie avec ce projet à 1,7 milliards d’euros pour un site d’enrichissement d’uranium

En 2025, sur le nombre de réacteurs nucléaires en activité et la puissance générée, la Chine est à la 3e place derrière la France

Source tableau : www.connaissancedesenergies.org

Source :

• https://news.cgtn.com/news/2023-03-23/China-starts-construction-of-Sanmen-nuclear-unit-4-1ipGFYZo5O0/index.html
• https://www.scmp.com/economy/china-economy/article/3308207/china-amps-nuclear-ambitions-10-new-reactor-approvals-fourth-straight-year

Image : Des ingénieurs supervisent le chargement du combustible nucléaire dans l’unité 5 de la centrale nucléaire chinoise de Fuqing, le 4 septembre 2021. L’unité 5 est le premier projet pilote au monde utilisant la technologie Hualong One. (HU JIE / XINHUA)